Dans la foire d’empoigne que constitue le débat actuel sur les identités, il est reposant de relire ce que disait le philosophe Paul RICOEURRevue des Cèdre (cité dans le No 44 de Décembre 2015 de la « Revue des Cèdres ») :

 » A la différence d’un outillage qui se conserve, se sédimente, se capitalise, une tradition culturelle ne reste vivante que si elle se recrée sans cesse. La façon dont un peuple développe sa culture repose sur une loi de fidélité et de création : une culture meurt dès qu’elle n’est plus renouvelée, recréée ; il faut que se lève un écrivain, un penseur, un sage, un spirituel pour relancer la culture et la risquer à nouveau dans une aventure est un risque total.
Nous pouvons d’autant moins le prévoir que les grandes créations artistiques commencent toujours par quelques scandales : il faut d’abord que soient brisées les images fausses qu’un peuple, un régime se font d’eux-mêmes; la loi du scandale répond à la loi de la conscience fausse ; il est nécessaire qu’il y ait des scandales.
Telle est la loi tragique de la création d’une culture, loi diamétralement opposée à la tranquille accumulation des outils qui constitue la civilisation. « 
(…)

Paul RICOEUR, « Histoire et vérité » – Seuil 1964

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(Cf. le livre « Des droits qui dérangent ? « , édité sur Amazon, en version digitale et en version papier : https://urlr.me/DHvmnJ )