L’idée selon laquelle les droits humains seraient une invention moderne est une erreur savamment entretenue. Ils sont nés dans la nuit des temps : chaque siècle a ajouté sa pierre, à titre de leçons apprises lors d’évènements historiques, vécus le plus souvent douloureusement.           
  
Vers 1800 avant J.-C. en Mésopotamie (Irak actuel), le Code d’Hammourabi, puis au VIe siècle avant J.-C. le Cylindre de Cyrus (roi de Perse) mentionnaient déjà des notions de droit de la famille, de droit de propriété, de droit à la justice, une forme de tolérance religieuse, la volonté d’abolir l’esclavage, et la liberté de choix de la profession.        
En 1215,en Angleterre, la Magna Carta, édictée par le roi Jean-Sans-Terre (menacé par des révoltes) est considérée comme l’ancêtre des droits humains : « Aucun homme libre ne sera saisi, ni emprisonné ni dépossédé de ses biens, déclaré hors-la-loi, exilé ou exécuté. (…) Nous ne le condamnerons pas non plus à l’emprisonnement sans un jugement légal de ses pairs, conforme aux lois du pays. (…) A personne nous ne vendrons, ne refuserons ni ne retarderons les droits à la justice. (…)        
En 1689, la Bill of Rights, de nouveau en Angleterre, a mis fin à une période de troubles et d’absolutisme royal, dont le refus des décisions arbitraires d’un roi, présumé de droit divin. C’est le peuple qui devient souverain : L’autorité royale n’a pas force de loi, la loi est au-dessus du roi.  
  
En 1776, en Amérique du Nord, les termes de la Déclaration de L’État de Virginie, qui va de pair avec la Déclaration d’Indépendance américaine, suivie en France, en 1789,par la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, proclamée par l’Assemblée constituante, définissent des droits fondamentaux des individus et seront repris comme références dans de nombreux pays.                                  
En 1864, le Genevois Henry Dunant, de retour de la Bataille de Solférino (Italie), crée le Comité international de la Croix-Rouge et fait adopter en 1864 la première Convention de Genève, fixant les règles de conduite dans les conflits armés, notamment pour la protection des civils, l’aide aux blessés et aux prisonniers de guerre.

L’expérience historique (occidentale) de la barbarie nazie a convaincu la communauté internationale des États de franchir une étape supérieure : l’ampleur de l’épouvante était quasi universelle face à la gravité et au nombre de victimes des atrocités et des crimes barbares commis pendant la guerre.
L’initiative des droits humains d’aujourd’hui est venue des Nations Unies en 1945, par l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme (1949). Depuis lors, les Nations Unies ont engagé, pendant huit décennies, de nombreux chantiers sur plusieurs dizaines d’instruments juridiques internationaux, par des Déclarations, des Conventions, des Protocoles et des Chartes. Ces textes ne se limitent pas à garantir des droits individuels à chaque être humain. Ils concernent aussi des droits collectifs quant aux besoins fondamentaux de l’humanité, ainsi qu’à la sécurité et la pérennité des communautés et des États. Les notions de crime de guerre, de génocide et de crime contre l’humanité ont, par ailleurs, été négociées par 120 pays à la Conférence de Rome en 1998, créant ainsi la Cour Pénale Internationale qui a fonctionné à partir de 2002.      

   Naître d’une circonstance historique et géographique particulière n’invalide pas une aspiration à la légitimité universelle durable. Toutes les avancées en droits humains sont nées dans des circonstances particulières, parfois fortuites, mais toujours au cœur de rapports de force, ou à la suite de conflits en tous genres, et visant à en éviter de nouveaux.     
   Les droits humains sont une longue marche collective d’humanisation et d’émancipation, pour respecter et faire respecter les aspirations de chaque être humain à se voir reconnaître ses besoins fondamentaux, son besoin de justice, et de participation à la vie collective.       
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(Cf. Chapitres 5 et 11 du livre « Des droits qui dérangent ? » , édité sur Amazone, en versions digitale et papier : https://urlr.me/DHvmnJ