Extrait d’une interview-radio (France-Culture) de Mireille Delmas-Marty, juriste internationale, au moment du soulèvement dans les pays arabes en février 2011 :
« L’individualisme occidental ne peut être dissocié du contexte.
Plutôt que de parler de multiculturalisme, il est préférable de parler d’interculturalisme. Et plutôt que de parler de valeurs universelles, je préfère parler de valeurs universalisables.
On ne peut aller vers l’universalisable que par échange. Interculturalisme, oui, parce que c’est l ‘échange d’une culture sur l’autre, et au fond, l’universalisable est fait d’échanges réciproques, je parle volontiers d’ » humanisation réciproque « .
Nous, les Occidentaux, nous n’avons pas à humaniser le reste du monde sur notre modèle, nous avons à apprendre des autres modèles, et s’il y a trop d’individualisme d’un côté, on a certainement des choses à apprendre d’autres cultures. » L’humanisation réciproque » est le chemin vers une communauté de valeurs, et certainement pas par extension d’un modèle unique, que ce soit le nôtre ou un autre.
Il me semble qu’on en a l’illustration en ce moment avec ce qui se passe au Maghreb. Contrairement à ce que l’on entend ici ou là, je ne crois pas qu’ils souhaitent notre modèle de démocratie. Ils sont entrain d’inventer un autre modèle.
D’ailleurs la demande part de la justice sociale, avec une forte implication civique, qui se fonde une indignation quant aux droits politiques et civils.
Il y a une façon d’articuler les droits fondamentaux qui est propre à ces mouvements, et nous avons probablement autant à apprendre d’eux qu’ils ont à apprendre de nous. L’élément essentiel, c’est l’échange et la réciprocité. On n’ira pas par d’autres chemins pour aller vers une communauté de valeurs. » (…)
————–
(Cf. le livre « Des droits qui dérangent ? « , édité sur Amazon, en version digitale et en version papier : https://urlr.me/DHvmnJ )